L’apartheid (mot afrikaans partiellement dérivé du français[Note 1], signifiant « séparation, mise à part »[1]) était une politique ségrégative dite de « développement séparé » (afsonderlike ontwikkeling) affectant séparément, selon des critères raciaux ou ethniques hiérarchiquement distincts, des populations dans des zones géographiques déterminées.
La notion de « crime d'apartheid » a été définie par la résolution 3068 XXVIII de l'assemblée générale des Nations unies (ONU) du 30 novembre 1973 comme tout acte inhumain de caractère analogue à d'autres crimes contre l'humanité commis dans le cadre d'un régime institutionnalisé d'oppression systématique et de domination d'un groupe ethnique sur n'importe quel autre groupe ethnique. Il a été étendu par la Cour pénale internationale à toute situation où sont en vigueur « des politiques similaires de ségrégation raciale et de discrimination »[2].
Concept d'origine sud-africaine, les lois de l'apartheid furent conçues et introduites à partir de 1948 en union d'Afrique du Sud (puis république d'Afrique du Sud) par le Parti national, avant d'être progressivement réformées puis finalement abolies le . L'apartheid fut également appliqué de 1959 à 1979 dans le Sud-Ouest africain (actuelle Namibie), alors administré par l'Afrique du Sud. Présenté pour la première fois par la Commission Sauer, mais forgé et finalisé concrètement au sein du Broederbond, l'apartheid sud-africain privilégiait les populations blanches au détriment des autres personnes de couleur (noirs, indiens et coloureds). Il était l'aboutissement institutionnel d'une politique raciste et d'une pratique empirique de ségrégation raciale (Pass-laws, baasskap et colour bar), élaborée depuis la fondation de la colonie du Cap en 1652, par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Avec l'apartheid, le rattachement territorial (puis la nationalité) et le statut social dépendaient du statut racial de l'individu.
La politique d'apartheid en Afrique du Sud fut le « résultat de l'anxiété historique des Afrikaners obsédés par leur peur d'être engloutis par la masse des peuples noirs environnants »[3]. Les lois rigides qui en résultèrent, « dictées par une minorité blanche dynamique obsédée par sa survie » en tant que nation distincte, furent ainsi le résultat d'une confrontation, sur une même aire géographique, d'une société sur-développée, intégrée au premier monde avec une société de subsistance, encore dans le tiers monde, manifestant le refus de l'intégration des premiers avec les seconds[4].
Après le massacre de Sharpeville[5] en 1960 et dans le contexte de la décolonisation, les critiques internationales contre l'apartheid commencent à prendre de l'ampleur (exclusion de l'Organisation mondiale de la santé, du Bureau international du travail puis du Comité international olympique, retrait du mandat sur le Sud-Ouest africain). Mais ce n'est qu’après les émeutes de Soweto[6],[7] en 1976 que des sanctions internationales contraignantes (embargo sur les ventes d'armes) sont imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies contre l'Afrique du Sud. Les réformes entamées sous les gouvernements de Pieter Botha (autorisation de syndicats non-blancs puis mixtes, abolition des emplois réservés, nouvelle constitution ré-instaurant des droits politiques aux indiens et aux métis, abolition de la loi sur les laissez-passer et de celle interdisant les mariages mixtes, ouverture des lieux publics à toutes les communautés) ne suffisent pas à enrayer la multiplication des sanctions internationales bilatérales (restrictions diplomatiques ou commerciales, embargo sur les importations de charbon, refus d'exportation de technologies), tandis que les townships deviennent ingouvernables.
À la suite de l'arrivée au pouvoir en du président Frederik de Klerk et à la libération, après vingt-sept années d'emprisonnement, le , de Nelson Mandela, chef de file de la lutte contre l'apartheid, les dernières lois piliers de l'apartheid (notamment le group Areas Act et le Population Registration Act) sont abolies en juin 1991[8]. Les négociations constitutionnelles (CODESA) menées entre le gouvernement, le Congrès national africain, le parti national et les principaux partis politiques sud-africains aboutissent à l'élaboration d'une Constitution intérimaire, aux premières élections parlementaires non raciales au suffrage universel () et à l'élection de Nelson Mandela comme premier président noir d'Afrique du Sud le .
Pour avoir pacifiquement mis fin à l'apartheid en Afrique du Sud et entamé des négociations politiques, Nelson Mandela et Frederik de Klerk reçoivent conjointement le prix Nobel de la paix en décembre 1993 à Oslo (Norvège)[9],[10].
Le terme d'apartheid a été par la suite repris dans d'autres contextes, notamment pour évoquer la situation des Palestiniens ou pour évoquer des situations de disparité économique et sociale en raison de la religion (Irlande du Nord).
Erreur de référence : Des balises <ref>
existent pour un groupe nommé « Note », mais aucune balise <references group="Note"/>
correspondante n’a été trouvée
<ref>
incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées ICC