Gilles de Rais Baron de Retz | ||
Gilles de Laval, sire de Rais. Ce portrait imaginaire est commandé en au peintre Éloi Firmin Féron par la monarchie de Juillet afin d'être exposé dans la galerie des maréchaux de France du musée de l'Histoire de France. Le gouvernement du roi Louis-Philippe Ier compte ainsi légitimer le régime « en récupérant et instrumentalisant les représentations historiques de l'ancienne France[1] » au sein du château de Versailles. À l'instar des autres portraits en pied de la galerie des maréchaux, l'huile sur toile campe le baron de Rais « sur un champ de bataille avec [ses] attributs de commandement[2]. » | ||
Naissance | vers 1405 ? château de Champtocé-sur-Loire |
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Décès | (à ~35 ans) Nantes |
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Origine | Duché d'Anjou | |
Allégeance | Duché de Bretagne Royaume de France |
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Dignité d'État | Maréchal de France | |
Années de service | 1420 ? – 1436 | |
Conflits | Guerre de Cent Ans | |
Faits d'armes | Siège d'Orléans Bataille de Jargeau Bataille de Patay |
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Autres fonctions | Baron de Retz Seigneur de Machecoul, de La Bénate, du Coutumier, de Bourgneuf, de l'île de Bouin, de Saint-Étienne-de-Mer-Morte, de Pornic, de Princé, de Vue, de Tiffauges, de Pouzauges, de Champtocé, d'Ingrandes |
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Famille | Jean de Craon (grand-père maternel) Guy de Laval-Rais (père) Marie de Craon (mère) René de Rais (frère) Catherine de Thouars (épouse) Marie de Rais (fille) |
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Gilles de Montmorency-Laval, plus connu sous le nom de Gilles de Rais (ou Gilles de Retz, selon la graphie moderne[n 1]) en référence à son titre de baron de Retz, né à une date inconnue (au plus tôt durant l'année 1405) au château de Champtocé-sur-Loire et mort le à Nantes, est un chevalier et seigneur dont les nombreux domaines se répartissent entre la Bretagne, l'Anjou, le Poitou, le Maine et l'Angoumois. Chef de guerre français durant la guerre de Cent Ans, il demeure connu de manière ambivalente comme l'un des compagnons d'armes de Jeanne d'Arc ainsi que pour sa condamnation ultérieure comme rebelle, hérétique et assassin violeur d'enfants, exécuté pour ses crimes.
Seigneur important en tant qu'héritier de grandes lignées nobiliaires de l'ouest de la France, il se rallie à la cause du roi Charles VII, guerroie contre les Anglais et scelle une alliance avec son propre cousin, l'influent grand chambellan Georges de La Trémoille. Il combat dans les rangs de l'armée royale avec Jeanne d'Arc mais leurs relations restent obscures, contrairement aux rapports privilégiés que leur prêteront diverses œuvres de fiction. Au cours de leurs campagnes militaires communes, il contribue notablement à la levée du siège d'Orléans avant d'être promu maréchal de France le , jour du sacre royal de Charles VII à Reims. Après la mort de son grand-père Jean de Craon en 1432 et la disgrâce de Georges de La Trémoille en 1433, le maréchal de Rais se désengage progressivement de la guerre. Il se voit accusé par sa famille, et notamment par son frère cadet René de La Suze, de dilapider son patrimoine en aliénant ses terres au plus offrant afin de pallier ses fastueuses dépenses, prodigalités qui entraînent sa mise sous interdit par Charles VII le .
Le 15 ou le , il moleste un clerc de haut rang dans l'église de Saint-Étienne-de-Mer-Morte avant de se saisir du château local, violant de ce fait les immunités ecclésiastiques et portant atteinte à la majesté de son suzerain, le duc Jean V de Bretagne. Arrêté le dans son château de Machecoul, il est conduit dans le duché de Bretagne, alors principauté indépendante, pour comparaître à la fois devant la cour de justice ducale et la justice ecclésiastique secondée par l'Inquisition. En , il est jugé par le tribunal inquisitorial pour hérésie, sodomie et meurtres de « cent quarante enfants, ou plus » tandis que les juges séculiers du duc de Bretagne le condamnent à la pendaison et au bûcher pour son coup de force perpétré à Saint-Étienne-de-Mer-Morte ainsi que pour des crimes commis sur « plusieurs petits enfants » sans précision de leur nombre. Le , il monte à l'échafaud avec deux de ses serviteurs convaincus d'assassinats.
Son histoire est parfois présentée comme une source d'inspiration possible du conte La Barbe bleue de Charles Perrault mais cette hypothèse est controversée. Quoi qu'il en soit, à compter du premier quart du XIXe siècle, le folklore amalgame parfois la figure mythique de Barbe-Bleue à la personnalité historique de Gilles de Rais. En outre, depuis la perception renouvelée du phénomène des crimes sexuels en série vers la fin du XIXe siècle, son cas est quelquefois rapproché de la catégorie criminelle des tueurs en série, voire perçu comme l'archétype du « pédophile confondu avec l'assassin violeur ». Le baron criminel devient de la sorte « l'incarnation d'une structure perverse intemporelle n'ayant plus qu'un lointain rapport avec la triple accusation médiévale de rébellion, de pacte avec le Diable et de rapports contre-nature », selon le médiéviste Jacques Chiffoleau.
Au fil du XXe siècle, l'innocence de Gilles de Rais est proclamée par quelques particuliers, et notamment par l'archéologue Salomon Reinach, intellectuel marqué en son temps par l'inculpation inique du capitaine Dreyfus. Cependant, les essais de réhabilitation sont généralement le fait de non-professionnels de l'histoire, comme l'écrivain Gilbert Prouteau. En 1992, sous son impulsion, une « cour arbitrale » autoproclamée procède à une « révision » non officielle des procès ecclésiastique et séculier de 1440, en arguant dans les médias qu'une machination judiciaire a été ourdie par le duc de Bretagne et l'évêque de Nantes pour s'emparer des biens de l'accusé. Plusieurs historiens critiquent cette thèse complotiste et font part de leurs objections méthodologiques devant les erreurs et manipulations propres à une pareille « histoire-spectacle ».
Dans leur majorité, les historiens ne remettent pas en cause la culpabilité du condamné. Loin de vouloir disculper ce dernier ou reconstituer une quelconque vérité judiciaire, certains chercheurs se gardent néanmoins de lire au pied de la lettre les actes du double procès nantais tenu à l'automne 1440. Ainsi, les médiévistes Jacques Chiffoleau et Claude Gauvard insistent sur la nécessité de contextualiser les documents historiques en étudiant la procédure inquisitoriale employée. Ils questionnent donc les aveux des inculpés à l'aune des attentes et conceptions des juges, tout en s'interrogeant sur le rôle de la rumeur dans l'élaboration de la fama (renommée) de Gilles de Rais. Pour autant, ces historiens ne font pas abstraction de quelques témoignages détaillés concernant des disparitions d'enfants, ou de certains aveux décrivant des rituels meurtriers sans équivalent dans les archives judiciaires du temps.
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