Date |
– (5 ans, 7 mois et 9 jours) |
---|---|
Lieu | Anciens territoires de l'Empire russe (actuels Russie, Ukraine, Géorgie, Finlande, Pologne, Kazakhstan, Biélorussie, Azerbaïdjan, Estonie, Lettonie, Lituanie, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan), Mongolie-Extérieure, Perse |
Casus belli | Révolution d'Octobre. |
Issue |
Victoire de l'Armée rouge.
|
Guerre civile russe
Batailles
Campagne de la steppe • Bataille de Krouty • Première campagne du Kouban • Marche de Iași au Don • Seconde campagne du Kouban • Marche vers Moscou • Bataille de Pétrograd • Intervention en Russie septentrionale • Grande marche de glace de Sibérie • Révolte de Tambov • Révolte de Kronstadt • Intervention en Sibérie • Révolte basmatchi
La guerre civile russe est l'ensemble des événements qui déchirent l'ancien Empire russe durant plus de quatre années, de la fin 1917 à 1921. Elle se situe dans le prolongement de la révolution russe d'octobre 1917 ; l'essentiel des campagnes militaires se poursuit jusqu'à la proclamation de la NEP.
La guerre civile russe n'oppose pas simplement les révolutionnaires bolcheviques aux « Blancs » monarchistes partisans du retour à l'ancien régime tsariste. La violence ruineuse du conflit n'est pas due au seul choc des terreurs « blanche » et « rouge » décidées d'en-haut. Cette guerre civile est d'abord un chaos indescriptible et très violent, où l'État et la société russes se sont désintégrés sous la poussée de multiples forces centrifuges, jusqu'à leur reconstruction et leur reprise en main par les bolcheviks enfin victorieux[2].
La guerre a vu en effet les autres formations révolutionnaires (mencheviks, SR, anarchistes, députés de l'ex-Constituante) se battre également contre les bolcheviks, parfois de façon autonome, parfois au prix d'une collusion avec les généraux blancs. Les tentatives d'émancipation de minorités nationales, l'action des « armées vertes » paysannes (hostiles à la fois aux bolcheviks et aux Blancs), la défense de projets de société concurrents (Makhnovchtchina anarchiste en Ukraine), l'intervention étrangère, les multiples règlements de compte et les déchaînements de violence spontanés n'ont pu qu'ajouter aux troubles[3]. Enfin, les retournements d'alliance et les divisions internes n'ont pas manqué, ni les retournements de situation : Kiev change ainsi 14 fois de main pendant la guerre.
Les bolcheviks ont bénéficié de leur organisation supérieure et de leur discipline. Bien qu'ils aient rencontré (et réprimé) des résistances populaires virulentes, leur programme a été finalement mieux reçu des masses que celui des Blancs, lequel tendait au retour pur et simple à l'état des choses antérieur. Le camp des opposants à la révolution d'Octobre a pâti de son hétérogénéité et de ses désunions.
Certains généraux « blancs » tels Lavr Kornilov se soucient en fait fort peu de rétablir la monarchie et se voient très bien à la tête d'une république dictatoriale. Leurs projets préfigurent en partie les fascismes européens[4].
Selon Serge Wolikow, « la guerre civile forme le Parti et fabrique une politique identifiée à la révolution sans être celle qui avait été rêvée. Entre 1918 et 1921-1922, se met en place un État révolutionnaire : la guerre civile est en même temps perçue comme la poursuite de la révolution »[5].