Les microplastiques sont les petites particules (< 5 mm) de matière plastique dispersées dans l'environnement. Ce sont des fragments d'objets en plastique ou de microbilles de plastique (de plus en plus utilisées par l'industrie et dans les cosmétiques depuis quelques années)[3], ou des fibres synthétiques[4] (abondamment retrouvées dans les boues d'épuration qui sont épandues sur les sols[5]) microscopique ou nanométrique, notamment issus de la dégradation de macro-plastiques par photooxydation, action mécanique et/ou biodégradation[6].
Ils s'accumulent de manière préoccupante dans les sols[7], les cours d'eau, les lacs et l'environnement marin et sont retrouvés dans les boissons en bouteille plastique et dans divers aliments (bivalvesfiltreurs et produits de la pêche notamment)[8] ; ils ont en quelques décennies contaminé tous les océans et les espèces marines à tous les échelons de la chaîne alimentaire, d'un pôle à l'autre, jusque dans les grands fonds[4] et la production de plastique continue à augmenter. En 2018, ils sont retrouvés (associés à des produits chimiques persistants) dans presque tous les échantillons de neige et d'eau collectés par Greenpeace en Antarctique, même dans les zones les plus reculées[9]. En 2019, dans une zone isolée et protégée des Pyrénées françaises (Natura 2000) à 1 400 mètres d'altitude, étaient trouvés en moyenne 365 minuscules morceaux de plastique par mètre carré[10].
La plupart des microplastiques contenus dans l'eau potable (en bouteilles ou du réseau) sont inférieurs à 20 µm et échappent ainsi aux procédures de détection définies par la directive européenne 2020/2184[11],[12].
Leurs impacts (locaux et globaux, immédiats et/ou différés) ne sont étudiés que depuis le début des années 2000 et commencent encore mal cernés, pour la santé humaine et environnementale. Micro- et nanoplastiques ont des effets indirects complexes (en se dégradant, et notamment via la contamination des océans), et des effets directs (ex. : on en trouve dans tous les organes humains vitaux, par exemple dans les plaques d'athéromes chez plus de la moitié des patients qui en ont, et ces derniers risquent plus que ceux qui n'en ont pas de faire un AVC ou un infarctus ; et jusque dans le cerveau humain). Un rapport[13] (2017) de l'UICN juge urgent de gérer et réduire les macrodéchets plastiques, même si une gestion totalement efficace ne réglerait que la partie émergée du problème[13]. Les appels à interdire les microbilles dans les cosmétiques sont bienvenus, note l'UICN, mais celles-ci ne sont que 2 % de la source des microplastiques primaires visibles. L'UICN, et en France l'IGEDD appellent urgemment la R&D des entreprises, l'écoconception et la législation à évoluer pour prendre en compte la production primaire de microplastiques et ceux, secondairement, issus du lavage des textiles synthétiques multipliés par la fast fashion[14], l'usure des pneus et des peintures routières, invitant les consommateurs à agir en choisissant des produits naturels plutôt que synthétiques[13].
Pour le quatrième sommet mondial des océans (Bali, ), une campagne mondiale (CleanSeas) a invité les gouvernements et les entreprises à interdire les microplastiques dans les produits cosmétiques, à taxer les sacs en plastique et à limiter l'utilisation d'autres articles jetables. Dix pays se sont alors engagés à agir[15]. Cinq ans plus tard, les accords issus de One Ocean Summit (février 2022) redemandent de limiter la pollution des océans par le plastique[16].
↑Zubris K.A.V. et Richards B.K. (2005), Synthetic fibers as an indicator of land application of sludge, Environmental Pollution, 138(2), 201-211, résumé.
↑Éric Machu, Timothée Brochier, Xavier Capet et Siny Ndoya, « Chapitre 2. Pollutions dans un monde liquide », dans Planification spatiale marine en Atlantique tropical, IRD Éditions, (ISBN978-2-7099-2972-1, lire en ligne).
↑(en) Oskar Hagelskjær, Frederik Hagelskjær, Henar Margenat et Nadiia Yakovenko, « Majority of potable water microplastics are smaller than the 20 μm EU methodology limit for consumable water quality », PLOS Water, vol. 4, no 1, , e0000250 (ISSN2767-3219, DOI10.1371/journal.pwat.0000250, lire en ligne, consulté le )
↑Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées AdemeMicroplastiques2023
↑Gigault, J., Pedrono, B., Maxit, B. et Ter Halle, A. (2016). Marine plastic litter: the unanalyzed nano-fraction. Environmental Science: Nano, 3(2), 346-350, lire en ligne.
↑Besseling, E., Wang, B., Lürling, M. et Koelmans, A. A. (2014), Nanoplastic affects growth of S. obliquus and reproduction of D. magna, Environ. Sci. Technol., 48(20), 12336-12343, résumé.