Novitchok

Structure générique des agents Novitchok proposée par Hoenig[1] ; en réalité, R n'est pas toujours un substituant alkyle ni X un halogène.

Les agents Novitchok (du russe : новичок, nouveau venu) sont un ensemble d'agents innervants : un poison du système nerveux qui bloque la transmission des informations nerveuses jusqu'aux organes. Développés par l'Union soviétique dans les années 1970 et 1980[2],[3] puis par la Russie au moins jusque dans les années 1990[4]. Ce sont des armes chimiques binaires, c'est-à-dire produites sous forme de composés précurseurs moins toxiques mis à réagir au moment de l'utilisation. Leur existence a été rendue publique en à la suite des révélations de Vil Mirzayanov, un scientifique russe aujourd'hui établi aux États-Unis qui participait à leur développement[5].

Il s'agirait des agents innervants les plus toxiques jamais conçus. Certaines molécules, comme le A-232, auraient, dans les conditions optimales, un effet cinq à huit fois plus puissant que l'agent VX[6],[7], tandis que d'autres, comme le A-234, seraient dix fois plus toxiques que le soman[8]. Ces composés appartiennent à la quatrième génération d'armes chimiques[a] développées dans le cadre du programme soviétique Foliant[3]. Initialement appelée K-84 et plus tard renommée A-230, la série Novitchok comprend plus d'une centaine de substances[3]. D'un point de vue militaire, le plus performant de ces composés serait le A-232 (Novitchok-5)[3], à l'origine du développement des formulations binaires de toute la série. Au sens strict, les agents innervants eux-mêmes sont appelés par leur code (A-232, par exemple) tandis que leur désignation Novitchok fait référence à leur forme binaire. Au sens large, de nombreux composés apparentés généralement très toxiques sont qualifiés de « type Novitchok » sans nécessairement être binaires.

La structure chimique de ces composés est longtemps restée obscure. Ils ont été conçus pour échapper à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, ne pas être détectés par les experts en armement chimique occidentaux ni par les médecins légistes, rendre inopérants les moyens de l'OTAN de protection et de traitement contre les armes chimiques, et pouvoir être présentés comme relevant de l'industrie des pesticides organophosphorés[9]. Ils ont en commun d'être des inhibiteurs de l'acétylcholinestérase, enzyme impliquée dans la transmission de l'influx nerveux et nécessaire à la relaxation musculaire. Ils agissent en provoquant une crise cholinergique conduisant à la mort essentiellement par étouffement.

  1. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées 978-0-387-34626-7
  2. (en) Vil Mirzayanov, « Dismantling the Soviet/Russian Chemical Weapons Complex: An Insider's View », Global Proliferation of Weapons of Mass Destruction: Hearings Before the Permanent Subcommittee on Investigations of the Committee on Governmental Affairs, 1995, 104e congrès, p. 393-405.
  3. a b c et d (en) Jonathan B. Tucker, War of Nerves, Anchor Books, New York, 2006, p. 232-233. (ISBN 978-0-375-42229-4)
  4. (en) Stephanie Fitzpatrick, « Novichok », Weapons of Mass Destruction: The Essential Reference Guide, Eric A. Croddy, James J. Wirtz et Jeffrey A. Larsen, éditions ABC-CLIO, Santa Barbara, 2005, p. 201–202. (ISBN 978-1-85109-490-5)
  5. (en) David Hoffman, « Soviets Reportedly Built Weapon Despite Pact », sur https://www.washingtonpost.com, (consulté le ), A36.
  6. (en) Vadim J. Birstein, The perversion of knowledge : the true story of Soviet science, Westview, , 492 p. (ISBN 978-0-813-34280-1 et 978-0-813-34280-1, OCLC 56696682)
  7. (en) Evgeniia Albats (trad. du russe par Catherine A. Fitzpatrick), The state within a state : the KGB and its hold on Russia--past, present, and future [« Мина замедленного действия »], New York, Farrar, Straus, Giroux,‎ , 401 p. (ISBN 978-0-374-52738-9 et 978-0-374-18104-8, OCLC 30110346), p. 325-328
  8. (en) Eric Croddy et James J. Wirtz, Weapons of mass destruction : an encyclopedia of worldwide policy, technology, and history, Santa Barbara, Calif., ABC-CLIO, , 601 p. (ISBN 978-1-280-71386-6, 978-1-851-09495-0 et 978-1-851-09490-5, OCLC 57437768)
  9. (en) Jonathan B. Tucker, War of nerves : chemical warfare from World War I to al-Qaeda, New York, Pantheon Books, , 479 p. (ISBN 978-0-375-42229-4 et 978-0-375-42229-4, OCLC 60419762), p. 231-232


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