Os oraculaire

Os oraculaire
Description de l'image Orakelknochen.JPG.
Nom chinois
Chinois 甲骨
Traduction littérale Carapace et os


Les os oraculaires chinois : 甲骨片 ; pinyin : jiǎgǔpiàn sont des morceaux d'os de scapula de boeuf ou des plastrons de carapace de tortue employés dans la Chine antique pour la divination royale, ce à partir du milieu de la dynastie Shang et jusqu'au début de la dynastie Zhou (c. 1250 – c. 1050 av JC. Si ce sont des omoplates de bœuf qui sont utilisées pour la divination, le terme exact est scapulimancie. Si ce sont des plastrons de tortue, il s'agit de plastromancie. Un recensement récent a permis d'estimer à environ 13 000 le nombre d'ossements oraculaires répartis dans diverses collections en Chine et dans 14 autres pays, avec un total d'un peu plus de 130 000 inscriptions réparties sur ces ossements[1].

Les devins utilisant les os oraculaires posent des questions aux divinités concernant la météo, les semailles, la destinée des membres de la famille royale, les affaires militaires et d'autres sujets similaires[2]. Ces questions sont gravées sur l'os ou le coquillage en écriture ossécaille, à l'aide d'un outil tranchant. L'os est ensuite soumis à une chaleur intense à l'aide d'une tige métallique, jusqu'à ce qu'il se fissure sous l'effet de la dilatation thermique. Le devin interprète alors le motif des fissures et inscrit la prédiction résultant de cette lecture sur l'os en question[3]. Cette méthode de divination perdure jusquà la dynastie Zhou, mais les questions et les pronostics sont alors de plus en plus souvent écrits au pinceau et avec de l'encre a base de cinabre, qui se dégrade avec le temps.

Les inscriptions présentes sur les os oraculaires forment le plus ancien corpus significatif connu d'une forme d'écriture chinoise, utilisant un des premiers types de caractères chinois[note 1]. Les inscriptions contiennent environ 5 000 caractères différents, dont beaucoup sont encore utilisés aujourd'hui[6]. Cependant, le nombre total de caractères distincts est incertain, car certains de ceux présents sur les os oraculaires peuvent être des versions différentes d'un même caractère. Les spécialistes de l'étude de ces os se sont mis d'accord sur la forme, la signification et la sonorité d'un peu plus d'un quart des caractères, soit environ 1 200. Mais plusieurs centaines d'autres font encore l'objet de discussions. Les caractères qui nous sont connus constituent une grande partie du vocabulaire de base du chinois moderne[10]. Ils fournissent également des informations importantes sur la période correspondant à la fin de la dynastie Shang, les chercheurs ayant réussi à reconstitué la généalogie royale des Shang à partir du cycle des sacrifices ancestraux consignés sur les os oraculaires[11][note 2]. Lorsqu'ils ont été découverts à la fin du XIXe siècle et déchiffrés au début du XXe siècle[12], ces os et leurs inscriptions ont même permis de confirmer l'existence des Shang, dont l'historicité avait été remise en question à l'époque par les membres du Yigupai (chinois : 疑古派 ; pinyin : Yígǔpài ; Wade : I-ku-p'ai[13],[14]), un groupe d'universitaires et d'écrivains chinois qui, dans le cadre du Mouvement pour la nouvelle culture, ont appliqué une approche historiographique critique aux sources historiques chinoises. Ils ont proposé des théories mettant en doute l'authenticité de textes et de récits qui, dans l'historiographie chinoise traditionnelle, étaient souvent considérés comme authentiques.

L'oraculologie est la discipline qui étudie les os oraculaires et l'écriture ossécaille[15].

  1. Wilkinson 2022, p. 1277.
  2. Keightley 1978a, p. 33–35.
  3. Keightley 1978a, p. 40–42.
  4. Qiu 2000, p. 61.
  5. Keightley 1978a, p. xiii.
  6. a et b Qiu 2000, p. 49.
  7. Qiu 2000.
  8. Boltz 2003.
  9. Woon 1987.
  10. Wilkinson 2022, p. 1278.
  11. Keightley 1978a, p. xiii, 185–187.
  12. Menzies 1917, p. 2.
  13. Wilkinson, Endymion (2000). Chinese History: A Manual. Harvard Univ Asia Center. (ISBN 0-674-00249-0). Page 345, voir: [1]
  14. Loewe, Michael and Edward L. Shaughnessy (1999). The Cambridge History of Ancient China Cambridge University Press. (ISBN 0-521-47030-7). Page 72, voir: [2]
  15. Yuxin Wang et 王宇信 (Jianzhen Wei), Jia gu xue dao lun = History of China historiography, Beijing, Chinese Academy of Social Sciences,‎ (ISBN 978-7-5004-8878-1, OCLC 690131145, lire en ligne)


Erreur de référence : Des balises <ref> existent pour un groupe nommé « note », mais aucune balise <references group="note"/> correspondante n’a été trouvée


From Wikipedia, the free encyclopedia · View on Wikipedia

Developed by Nelliwinne