Pierre Clastres

Pierre Clastres, né le à Paris 14e et mort accidentellement le à Gabriac en Lozère, est un ethnologue et anthropologue français.

Chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), membre du Laboratoire d’anthropologie sociale et enseignant à l'École pratique des hautes études, il est considéré comme un penseur libertaire et/ou anarchiste.

Clastres effectue des recherches en Amérique du Sud sur les sociétés autochtones de la forêt tropicale, où il séjourne auprès de certaines d'entre elles (notamment les Javaés et les Yanomami). Outre la description et l'analyse de l'organisation sociale de ces sociétés (particulièrement les Guayaki et les Chulupi), il s'intéresse aux mythologies des peuples autochtones qu'il étudie (comme celle des Guarani) et il réfléchit sur leur usage du langage. Enfin, sur un plan plus théorique, il critique les présupposés et les impensés de l'ethnologie et de l'anthropologie politique.

Ses livres les plus connus, Chronique des Indiens Guayaki et La Société contre l'État, offrent deux approches différentes de ce terrain sud-américain : le premier, proprement ethnographique, décrit en détail la société de chasseurs nomades Aché ; le second, plus anthropologique, élabore une réflexion sur le pouvoir politique en étudiant comment certaines sociétés autochtones sud-américaines décident de ne pas instituer l'État.

Revenu du terrain sud-américain, Clastres observe en ethnologue et en anthropologue celui où il est né : la société occidentale. D'une part, il critique certains travers de sa société, comme le rapport au langage, la conception de la guerre et la pratique de l'ethnocide. D'autre part, il avance une thèse sur les « sociétés primitives » (des sociétés indivisées où est institué un pouvoir politique non coercitif) dont le corollaire s'applique aux sociétés occidentales : des sociétés divisées en « dirigeants/citoyens » où est institué un pouvoir politique coercitif exercé par « l'État ».

L'accueil et la critique des recherches et des travaux de Clastres se focalisent majoritairement sur cette thèse. En effet, bien que Chronique des Indiens Guayaki fasse partie des succès littéraires de la collection « Terre humaine » (aux côtés de Tristes tropiques de Claude Lévi-Strauss, de Lances du crépuscule de Philippe Descola et de La chute du ciel de Davi Kopenawa), c'est l'idée avancée dans son livre La Société contre l'État qui retient l'attention des commentateurs.

Ainsi la réception, l'influence et la postérité de l'œuvre de Pierre Clastres gravitent autour de l'idée élaborée dans son opus magnum : si, comme le montrent les découvertes ethnographiques, il existe des sociétés qui instituent un pouvoir politique non coercitif, alors, d'une part le pouvoir politique n'est pas par essence coercitif et, d'autre part, l'institution d'un pouvoir politique coercitif n'est ni une nécessité ni une fatalité. Pour le dire autrement : l'État n'est pas le destin politique de l'Occident, il est possible d'instaurer la liberté et l'égalité politiques. Contestée ou réfutée par des ethnologues et des anthropologues, discutée par des historiens et des sociologues, disputée par des philosophes et des politologues, cette idée influence des chercheurs en sciences humaines et sociales et des penseurs appartenant au courant de l'anthropologie anarchiste, enfin, elle inspire une nouvelle génération d'ethnologues sud-américains et des milieux politiques.


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