[1] — Ma petite Marie, la baronne tousse, le curé dort, le docteur bâille, le général va commencer à raconter ses campagnes, vite un whist. [2] — Monsieur le curé, voulez-vous être le quatrième ? — Chère enfant, seulement si je suis nécessaire. Je prendrai cela en esprit de pénitence. [3] — Chère madame, soyez donc assez aimable pour faire la quatrième au whist de ces messieurs. — Ma toute belle, je n'y tiens en aucune façon, mais je ne voudrais pas faire manquer la partie. [4] — Mon bon docteur, il y a déjà trois personnes atteintes de la maladie du whist, je vous ai réservé cette place de quatrième ; on réclame vos soins. — Je veux vous prouver tout mon dévouement, chère mademoiselle, j'essayerai cette cure.
[1] — Général, une place de quatrième effrayerait-elle votre courage ? — Je n'ai, mademoiselle, qu'une crainte au monde, celle de ne pas vous plaire. [2] — Enchanté, chère baronne, d'être votre partenaire. — Et n'oubliez pas, général, d'enchaîner comme jadis la victoire à nos drapeaux. [3] On dirait que le docteur a quelques atouts. [4] Avec un partenaire qui a quelques cartes, on peut espérer le salut ! [5] Passe difficile pour le général.
ENGAGEMENT DE L'ACTION.
LE DOCTEUR. — Mesdames et messieurs, souvenons-nous que whist veut dire silence. LA BARONNE. — Vite, nous ne sommes pas ici pour nous amuser. LE CURÉ. — Un peu de modération, ici j'ai charge d'âmes. LE GÉNÉRAL. — À vous de donner, Curé. « Cedant arma togae »[1].
[1] Avec une figure comme cela, autant dire votre jeu. [2] — Et la treizième qui est un sept, un joli petit shlem ! [3] — Comment ! général, je vous fais une invite à cœur, et vous donnez du pique ! [4] — Mon cher général, vous baissez ; car nous avons été battus, et par qui ? par le docteur, qui n'a jamais su jouer, et le curé, qui est une mazette !
De nombreuses variantes sont apparues dès la fin du XVIIIe siècle, telle le boston, qui consistait à introduire un système de contrat à enchères pour qu'un — voire deux en association — joueur s'engage à gagner un coup en ayant la possibilité — ou non selon la variante — de choisir la couleur d'atout. Ces variantes, modifiant souvent de manière importante le jeu du whist, ont porté des noms différents comme le boston ou le maryland. Le boston a pour sa part connu ses propres variantes.
Mais les variantes les plus importantes sont : le whist cayenne, très populaire dans les pays de langue allemande au XIXe siècle, le « mort », whist à trois (avec un mort, comme au bridge), très aimé des joueurs français, et le whist-préférence (ou yeralash), qui se répand en Russie à partir des années 1840. C’est de la combinaison de ces trois variantes, et surtout du whist-préférence russe, qu’est né le bridge à la fin du XIXe siècle.
Au XVIIIe siècle, on écrit indifféremment « wisk », « whisck », « wist » ou « whist », cf les Liaisons dangereuses de Laclos, voire « wisth » ou « wisch » !